Le « robot chirurgical » est disponible à la clinique des Cèdres. Pour autant, la « vidéo » lui est préférée. Explications.

Vidéo versus robot = Match nul !

=> Pas de différence dans les résultats entre les deux techniques, voire avantage à la vidéothoracoscopie selon une équipe française.

On entend par « Vidéo »  (pour « vidéothoracoscopie« , ou en anglais « VATS » pour Vidéo- Assisted Thoracoscopic Surgery, « key hole surgery« ) l’équivalent d’une « coelioscopie« , par extension de ce qui se fait au niveau abdominal. C’est à dire une chirurgie par caméra et de petites incisions. C’est le chirurgien, habillé stérilement sur le champ opératoire, qui manipule les instruments directement sur le patient comme vous pouvez le voir sur la photo du bandeau en haut de page. La « vidéo » en chirurgie thoracique a été employée dès les années 90′ aux USA (Lewis, McKenna…).

Le « Robot » (ou « chirurgie robotique », « RATS » pour Robotic Assisted Thoracoscopic Surgery) est une technique de chirurgie robo- assistée. Le chirurgien est assis à une console de commande, à distance du patient : il n’est donc pas habillé stérilement sur le champs opératoire auprès du patient. Le robot à la forme d’une araignée avec des bras articulés au- dessus du patient (figure 1). Les instruments sont insérés dans le patient par l’assistant du chirurgien (habituellement infirmier instrumentiste). On voit apparaître les premières publications à partir de 2003 (Melfi, Morgan,…).

 – figure 1: chirurgie robot

A l’inverse, en chirurgie vidéothoracoscopique (VATS), le chirurgien est habillé stérilement sur le champs opératoire,  et opère à l’aide d’une caméra qui voit l’intérieur du thorax. Le chirurgien tient donc directement ses instruments dans ses mains et regarde sur l’écran de télé devant lui le déroulé « en live » du film pris par la caméra insérée dans le thorax du patient (voir photo ci-dessous). En cas de complication pendant la procédure nécessitant un passage urgent en chirurgie ouverte (on appelle cela une « conversion »), cette configuration est donc plus sécurisante que celle offerte par le robot car ici le chirurgien est déjà habillé sur le champs opératoire au contact du patient.

  1. Fondées sur 2 études asiatiques et une étude américaine, les dernières recommandations conjointes des sociétés savantes de chirurgie thoracique (SFCTCV) et d’anesthésie (SFAR) stipulent*:
    • pas de différences du taux de complications  post- opératoires entre les deux techniques,
    • pas de différences en termes de douleurs post- opératoires entre les deux techniques.
                                      •  
  2. On remarquera l’étude de l’équipe des Prs Pascal THOMAS (chirurgie thoracique) et Marc Leone (Anesthésie) au CHU de Marseille, publiée en 2018 dans le Journal of Thoracic Disease**, très en faveur de la vidéo. Voici leur conclusion: « Par rapport à la vidéo, la chirurgie robotique était associée à une utilisation accrue de la morphine et à une plus grande altération des fonctions hémodynamique et respiratoire« . 

III. L’usage du robot entraîne un surcoût de plus de 1000 euros***, facturés au patient. En effet l’utilisation de son matériel spécifique n’est pas couverte par la sécurité sociale, et reste donc à la charge du patient ou de sa mutuelle.

IV. Impact médico- économique global: outre le prix d’achat du  robot, de 785 000 euros (occasion) à 1,5 million d’euros, versus 100 000 euros pour un équipement de vidéothoracoscopie, l’usage du robot entraîne des surcoûts de fonctionnement non négligeables**** pour les établissements de santé, publics ou privés.

* RFE (Recommandation Formulée d’Expert) 2019 : « Réhabilitation Améliorée après Chirurgie de lobectomie pulmonaire ». Recommandation 4-1 page 29:
Il est à noter enfin, que la chirurgie par thoracoscopie robot-assistée (RATS) est une alternative à la VATS ; les méta-analyses de Wei et al. [étude chinoise de près de 61 000 patients] et Emmert et al. [étude américaine de plus de 62 000 patients] ne retrouvant pas de différence significative en termes de complications postopératoires entre les deux techniques, et une absence de différence en termes de douleurs postopératoires selon l’étude rétrospective sur 500 patients de Kwon et al.

** Postoperative morphine consumption and anaesthetic management of patients undergoing video-assisted or robotic-assisted lung resection: a prospective, propensity score-matched study. J Thorac Dis. 2018 Jun; 10(6): 3558–3567.

*** Lobectomie pulmonaire robot-assisté (RATS) vs lobectomie pulmonaire vidéo-assistée (VATS) : quelle technique privilégier ? Godard J. Communication n°117. Europharmat Posters 2017.

****L’achat d’un robot chirurgical engendre des coûts cachés non négligeables en stérilisation. Sylvie LAPOSTOLLE, au congrès de la SF2S 2019.